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Istor

LEVR GWENN HA DU AR BREZHONEG

Livre blanc et noir de la langue bretonne

XXème siècle

Sans statut légal, la langue bretonne est, au début du siècle, la langue majoritaire de la population de Basse Bretagne, à l'ouest d'une ligne allant de Plouha à Vannes.

C'est la seule langue des campagnes, tandis que les bourgs deviennent bilingues.

En Haute-Bretagne, le gallo est la langue parlée dans les campagnes, le français celle des villes. A la fin du siècle, toujours hors-la-loi, contraint de disparaître de l'espace qu'il occupait, le breton n'est plus la langue d'un tissu social dense même s'il est devenu celle d'un réseau de familles et d'associations culturelles en développement.

1902

LANGUE COURANTE 

L'école ni le régiment n'ont encore sensiblement atténué l'emploi du "brezoneck" qui reste la langue courante usuelle de toute la Basse-Bretagne.

Séris   L'enseignement du Français dans les écoles bretonnantes du Finistère, in La Revue Pédagogique, 15 Mars 1902.

 

LANGUE ETRANGERE 

À la campagne, parler français c'est se faire remarquer et passer pour un étranger. De fait, c'est en breton que le recteur (curé) prêche, confesse, donne ses instructions, en breton que sont faites les annonces à la fin de la grand'messe, en breton que se traitent les affaires au marché, en breton que délibèrent la plupart des conseils municipaux {...} le breton reste la langue du foyer.

Séris   op. cit.

 

COMMUNION 

{...} Que l'Eglise n'accorde la première communion qu'aux seuls enfants parlant français.

L'inspecteur d'académie Dantzer   Discour devant le Conseil Général du Morbihan.

 

23 Septembre 1902

  • Emile Combesnote, président du Conseil, adresse aux préfets des départements du Finistère, Mor-Bihan et Côtes du Nord, une instruction interdisant aux curés d'enseigner le catéchisme et de prononcer leurs sermons en breton dans les églises. Le breton fait les frais de la guerre idéologique que mène l'état républicain contre le clergé catholique. C'est le deuxième grand coup porté à la langue bretonne.
INTERDICTION 

Les prêtres bretons veulent tenir leurs ouailles dans l'ignorance en s'opposant à la diffusion de l'enseignement et en n'utilisant que la langue bretonne dans les instructions religieuses et le catéchisme. Les Bretons ne seront républicains que lorsqu'ils parleront le français.

Emile Combes, président du Conseil.   

 

1904

  • Taldir Jaffrennou crée le magazine Ar Vro, en breton, et l'année suivante Ar Bobl, bilingue, qui dureront jusqu'en 1914.
  • Thèse d'Anatole Le Bras sur le Théatre Celtique.

1905

  • Le prêtre léonard Yann-Vari Perrot (1877-1943) crée le ``Bleun Brug'' , association de catholiques bretonnants. Le Bleun Brug organisera des concours de langue bretonne pour les enfants et des fêtes où le théatre en breton sera l'événement roi.
  • Loeiz Herrieu ( 1879-1953) crée le magazine Dihunamb en breton vannetais qui paraîtra jusqu'en 1944.
  • Le ministre de l'Instruction Publique qualifie le breton de « barbare relique d'un autre âge ».

1908

  • Création de la norme orthographique dite KLT (Kerne, Leon, Treger) autour de François Vallée, directeur de l'hebdomadaire Kroaz ar Vretoned . L'entente avec les Vannetais reste à faire.

1909

  • Mort de Marc'harid Fulup, mendiante et conteuse illettrée, pourvoyeuse des collecteurs Luzelet Anatole Le Bras. Elle connaissait plus de 300 contes ou chants en langue bretonne. Une statue sera élevée en son honneur à Pluzunet.

1911

  • Les grammairiens vannetais Guillevic et Le Goff proposent l'utilisation du ZH pour unifier le KLT et le Vannetais.
  • Yann-Vari Perrot devient directeur de Feiz ha Breiz.
  • Parution de Buez ar Sent de Yann-Vari Perrot.
  • Inauguration à Rennes de la statue commémorant le rattachement de la France et de la Bretagne.

1913

  • Création du mensuel bilingue Brug par le socialiste libertaire Emile Masson, qui s'oppose aux jacobins antibretons.
  • Taldir Jaffrennou soutient la première thèse de doctorat en breton au sujet de l'\oeuvre du chansonnier de Poullaouen Prosper Proux.

1914-1918

La population masculine bretonnante rescapée des massacres, ayant subi 4 ans de traumatismes physiques et psychiques et de francisation aux armées, reviendra participer à la francisation des familles bretonnantes. C'est le troisième grand coup porté à la langue bretonne.

1914

  • Le gouvernement français fait imprimer des affiches demandant aux Bretons de lui confier leur or pour soutenir l'effort de guerre.
  • Le soldat François Laurent, de Melioneg, est fusillé pour n'avoir pas obéi à un ordre, que bretonnant, il n'avait pas compris. Certains y voient l'absurdité de cette guerre, d'autres la nécessité de franciser les bretons pour l'efficacité de l'armée française.

1917

  • Mort au front de Jean-Pierre Calloc'h (1888-1917)note, poète de l'île de Groix. Ses poèmes seront rassemblés dans le recueil Ar en Deulin, publié en 1923.
  • Fondation du premier Cercle Celtique.

1919

  • Publication de Bardes et poètes Nationaux de la Bretagne Armoricaine, du malouin Camille Le Mercier d'Erm, préfacé par Anatole Le Bras.
  • Le marquis de l'Estourbeillon, député du Morbihan et président de l'URB, présente aux membres de la Conférence de la Paix réunis à Versailles et au président américain Wilson, défenseur proclamé du ``droit des peuples'', des requêtes concernant l'enseignement de la langue bretonne. Malgré des réponses de principe favorables, la politique française n'en sera pas changée.

1920

LANGUE VAINCUE 

(La langue bretonne), cette vaincue qui n'a pas su créer un chef d'\oeuvre et qui va nécessairement s'effacer, comme s'effacent et meurent les vieilles choses usées.

Yves Le Febvre   La Pensée Bretonne, janvier 1920

 

LE BRETON, DOUBLE MAL 

Le maintien de la langue bretonne n'est pas seulement une erreur, c'est un double mal pour la France et pour la Bretagne. C'est un mal pour la France dont cette survivance retarde l'unité et amoindrit par contrecoup le pouvoir d'expansion et de rayonnement. C'est un mal pour la Bretagne qu'elle prive d'hommes qui eussent été utiles et glorieux.

Le jour viendra, nous l'espérons, où tous les Bretons sauront écrire et parler le français. Ce jour-là la langue bretonne aura vécu.

Yves Le Fèbvrenote    La Pensée Bretonne

 

1923

  • Parution de Gurvan, ar marc'heg estrañjour, drame de Tangi Malmanche.
  • Création du drapeau breton, le Gwenn-ha-Du, par le vitréen Morvan Marchal.

1924

  • Publication de Bilzig, roman de l'enseignant trégorrois Fañch al Lae, de Lokireg.
  • Publication du premier volume de l'Atlas Linguistique de Basse-Bretagne, de Pierre Le Roux, qui sera suivi de 5 autres publiés jusqu'après 1950.

1925

  • Publication de Sketla Segobrani, de Meven Mordiern (1878-1949)
  • Création par un professeur brestois, Roparz Hemon (1901-1980), de la revue littéraire Gwalarn qui paraîtra jusqu'en 1944. En plus de la publication d'\oeuvres originales de Jakez Riou, Youenn Drezen, Abeozen, Meavenn, Yann Sohier Kervella-Kongar, la revue propose des traductions de Boccace, Pouchkin, Cervantes, Shakespeare, Chamisso, etc.
UNITÉ LINGUISTIQUE 

Pour l'unité linguistique de la France la langue bretonne doit disparaître.

Anatole de Monzienote ministre de l'Instruction Publique   Inauguration de pavillon Bretagne à l'Exposition Universelle de Paris, le 19 juillet 1925.

 

FRANKIZ 

Ar brezhoneg eo ar frankiz, ar galleg ar sklavelezh.

Roparz Hemon   A-enep ar gelennadurez diouyezek, Breiz Atao, Ur Breizhad oc'h adkavout Breizh.

 

1926

HONTE 

Langue de honteux, voilà la vérité. Et par suite, langue honteuse. Le Breton conserve précieusement, jalousement, indéfectiblement, comme ses pères, l'héritage le plus cher et le plus sacré : la honte de sa langue.

Tangi Malmanchenote    La vie de Salaun qu'ils nommèrent le fou

 

BRETON ANÉMIQUE 

Vous êtes vous demandé pourquoi le paysan, qui faisait le beurre autrefois dans un ribot de bois, emploie actuellement une écrémeuse mécanique ? La question ne se pose même pas. Le Breton a maintenant a sa disposition, pour baratter ses pensées, un outil moderne et perfectionné qui est le français. Le vieux ribot il n'en a plus besoin.

Tangi Malmanche   op. cit.

 

1927

  • Enquête de Gwalarn sur la frontière linguistique.
  • Publication de La Maison du Peuple du briochin Louis Guilloux, édité en breton en 1999.

1928

  • Roparz Hemon crée Nord Okcidento, supplément en espéranto à la revue Gwalarn, qui ne durera que jusqu'en 1931.
  • Publication (en breton et en espéranto) de l'enquête de Gwalarn sur la pratique du breton qui révèle que 1 200 000 personnes utilisent le breton quotidiennement.
  • Création de Skol dre lizher Gwalarn, cours de breton par correspondance, qui deviendra Skol Ober.

1931

  • Publication du Grand Dictionnaire Français-Breton de François Vallée, republié en 1980.

1932

  • L'action du groupe clandestin Gwenn-ha-Du qui fait sauter le monument commémorant à la mairie de Rennes l'union de la Bretagne et de la France provoque la répression policière contre le mouvement culture, qui inspirera à Jakez Riou sa comédie An Dogan, et amènera le PCF à soutenir les revendications culturelles bretonnes.
EMPRISONNER LA REVENDICATION LINGUISTIQUE 

La seule réponse à faire aux revendications linguistiques bretonnes, c'est d'emprisonner tous ceux qui les formulent.

Albert Dalimier, ministre du Travail et de la Prévoyance sociale (et futur ministre de la Justice)   Discours, le 11 septembre 1932 à Tréboul.

 

  • Construction du monument aux morts de la Grande Guerre à Sainte-Anne d'Auray, ou figurent les noms des victimes des 5 départements bretons.
  • La revue littéraire Gwalarn publie An Dour en-dro d'an Inizi, de Youenn Drezen.

1933

  • Yann Sohier, jeune instituteur communiste, crée Ar Falz, mouvement d'enseignants laics pour l'enseignement du breton.

1934

  • Création d' ``Ar Brezoneg er Skol'', pour obtenir l'enseignement du breton.

1936

  • Xavier de Langlais, dit Langleiz, propose d'unifier le KLT et l'orthographe vannetaise en utilisant le ZH.

1937

  • La commission de l'Enseignement de la Chambre des Députés demande le vote d'une loi sur l'enseignement de la langue bretonne, demande qui restera sans effet.

1938

  • 3 Conseils généraux de Basse Bretagne et 346 conseils municipaux demandent que le breton soit enseigné à l'école, ce qui n'émeut guère le gouvernement de l'époque.

1940

  • A la suite de la déroute de l'armée française et de l'invasion allemande la Résistance s'organise en Bretagne.

1941

  • Création de l'orthographe "KLTG" (Kerne, Leon, Treger, Gwened) dite aussi peurunvan (unifiée), caractérisée par l'utilisation du "zh".
  • Publication du roman Itron Varia Garmez, du bigouden Youenn Drezen.
  • L'arrêté Carcopino autorise l'enseignement du breton, à raison d'une heure et demie facultative, mais il faudra attendre 1942 pour que l'on pense à rémunérer les enseignants.

1942

  • L'instituteur Jean Delalande, dit Yann Kerlann, successeur de Yann Sohier à la tête d'Ar Falz, organise l'enseignement du breton à l'école publique de Plestin, définitivement interrompu en 1944.

1943

  • Création des émissions en breton à Rennes, dirigées par Roparz Hemon, une heure hebdomadaire passant plus tard à une heure quotidienne.
  • Assassinat de Yann-Vari Perrot. Sur ce thème Strollad ar Vro Bagan produira une pièce de théatre controversée en 1989.
  • Création de ``Bodadeg Ar Sonerien'', association des musiciens traditionnels.

1946

  • Grâce à la persuasion combinée des autorités de l'état et des ecclésiastiques, sous l'action de l'école, de l'armée et des médias, la langue bretonne ne se transmet plus automatiquement dans les foyers bretonnants.
C'est le plus grand coup porté à la langue bretonne, car le plus efficace dans le recul rapide de la langue.
  • Reprise des émissions en langue bretonne par Per-Jakez Helias, sous le nom de Jakez Kroc'hen.
  • Création de la revue littéraire Al Liamm, qui poursuit l'\oeuvre de Gwalarn.

1947

  • Parution de l'essai de Roparz Hemon La langue bretonne et ses combats aux Editions de Bretagne à La Baule.
  • Parution de Yezhadur Bras ar Brezhoneg, ouvrage de grammaire en langue bretonne de Frañsez Kervella, géologue originaire de Dirinonn.
  • Création de Kamp Etrekeltiek ar Vrezhonegerien (KEAV), le camp interceltique des bretonnants, lieu de pratique intensive de la langue bretonne, par les écrivains bretonnants Ronan Huon et Xavier de Langlais.

1948

  • Déclaration Universelle des Droits de l'Homme qui reconnaît la liberté d'expression sans discrimination de langue.

1950

  • Publication posthume du drame de Tanguy Malmanche, An Antekrist.

1951

  • La loi Deixonne autorise l'enseignement du breton, basé sur le volontariat des enseignants et des élèves. Le manque de formation des enseignants assure l'inefficacité de la loi.
Malgré diverses tentatives, de gauche ou du centre, il n'y aura pas d'autres loi votée assurant la promotion ou reconnaissant l'existence de la langue bretonne.
  • Création d'Emgleo Breiz.

1953

  • Les éditions Al Liamm publient Llena Davies, de Kerverziou, première nouvelle érotique en breton.

1954

  • Création de la revue linguistique en breton Hor Yezh par Arzel Even, dirigée par la suite par Per Denez, puis Yann Desbordes, et actuellement par Herve Bihan.

1955

  • Création par l'abbé François Falc'hun de l'orthographe dite "universitaire", caractérisée par l'opposition au "zh" et au "c'h", adoptée par Emgleo Breiz, qui regroupe la revue littéraire Brud, la revue catholique Feiz ha Breiz, le Bleun Brug (hormis celui du Trégor), Ar Falz, mouvement d'enseignants laïques.

1957

  • L'enseignement du breton à l'école primaire catholique de Plouezec, dirigée par l'abbé Armand Le Calvez va se poursuivre jusqu'en 1961.
  • Création de Barr-Heol war Feiz ha Breizh, revue publiée par Marcel Klerg, curé de Buhulien, en Trégor, qui paraîtra jusqu'en 1978.
  • Création du magazine littéraire Brud, en écriture ``universitaire'' qui publiera 51 numéros et des auteurs divers dont Per Jakez Helias.
  • Publication bilingue des poèmes de Loeiz Herrieu Dasson ur Galon.

1958

  • Création de Kuzul ar Brezhoneg pour la défense de la graphie peurunvan, fédération regroupant notamment les revues Al Liamm, Hor Yezh, Barr-Heol.
  • Création de la revue Preder.
  • Proposition de loi pour l'enseignement du breton déposée par le socialiste breton Tanguy-Prigent.

1959

  • Proposition de loi pour l'enseignement du breton par Jean Crouan.
  • Publication aux éditions Al Liamm de An Teirgwern Pembroke, roman du trégorrois Jarl Priel.

1960

  • Deux propositions de loi pour l'enseignement des langues ``régionales'' sont déposées à l'Assemblée Nationale, l'une par le socialiste R. Bayou, l'autre par le gaulliste Hostache.
LANGUE PATAUDE 

Ils vivaient dans leur langue pataude et leurs vêtements grossiers comme des espèces de bas bretons.

Raymond Cartier   Les 19 Europes, Plon, 1960.

 

1962

  • Le Damskeud hon lennegezh kozh d'Abeozen donne un aperçu de la littérature en langue bretonne avant le XIX ème siècle.

1963

  • Création de SADED, Strollad an Deskadurezh Eil Derez, qui veut créer un enseignement secondaire en breton, et entame la rédaction de cours de mathématiques, physique et chimie, histoire.
  • Publication de La Tradition de la Danse en Basse-Bretagne, de Jean-Marie Guilcher. Réédition en 1993.

1964

  • Parution de Le vieux breton: élément d'une grammaire, thèse du morlaisien Léon Fleuriot rénovateur des études celtiques.
  • Parution du Dictionnaire du Vieux Breton, du même auteur.

1966

  • Le Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques est adopté par les Nations Unies. Son article 27 mentionne le droit des minorités ``ethniques et linguistiques''. La France émettra une réserve à cette article lors de sa signature, parce que la Constitution ne reconnaît pas l'existence de minorités dans une République ``une et indivisible''.
COQUILLE D'OEUFS 

Le combat pour la survivance est noble et estimable. Il est un peu fou quand il est sans espoir: comme celui des bretonnants, des Basques, des Occitans, des Corsisans brandissant leurs costumes, apprenant leur langue ``maternelle'', battant à la recherche des vestiges humains de leur ``patrie'' une lande ou une montagne prise d'assaut par les antennes de télévision! Ce sont les coquilles d'\oeufs de l'omelette française; leurs plaintes sont sincèrement touchantes.

H. de Montera   La francophonie en marche. La guerre des cultures. Préface de Michel Debré. Editions Sédimo. Paris 1966 (p 125-126)

 

VIE PUBLIQUE, VIE PRIVEE 

Notre civilisation bretonne est notre vie privée à l'intérieur de la civilisation générale de la France, qui commande notre vie publique.

Per-Jakez Heliaz   "Lettre aux étudiants bretons sur les perspectives d'une culture bretonne", Ar Studier, 1966

 

LANGUE DE COLONISE 

Muni de sa seule langue, le colonisé est un étranger dans son propre pays

Albert Memmi   Portrait du Colonisé

 

  • Si la langue française meurt nous sommes tous des assassins. (Campagne publicitaire hexagonale de l'Alliance Française)
  • Si la langue bretonne meurt c'est l'état français qui sera l'assassin. (Affichette de l'Union Démocratique Bretonne)

1969

  • Création de GALV, d'abord CALB, Comités d'Action pour la Langue Bretonne, , présidés par Fañch Broudig, qui regroupe UDB, JEB et Ar Falz, et organiser des marches pour la langue bretonne.
  • Le président Charles de Gaulle, lors de son discours sur la régionalisation à Kemper, en 1969 prononce quatre vers écrits par son grand-oncle au XIX è siècle mais ne répond toujours pas à sa pétition d'alors.
  • Création de Skol an Emsav qui va organiser l'enseignement du breton aux adultes.

1970

  • Aux Etats-Unis, un sondage évalue le nombre de personne parlant breton à 32 722.
  • Parution de Comment peut-on être breton, de Morvan Lebesque, né à Nantes, journaliste au Canard Enchaîné.
  • Publication du premier volume du Trésor du Breton Parlé, Eléments de Stylistique Trégorroise, de Jules Gros, de Lokemo. Trois autres volumes suivront.

1971

  • Parution de Défense de cracher par terre et de parler breton, anthologie de poésie bretonne de Yann-Ber Piriou, né à Ploumiliau.
  • Création par des étudiants bretonnants rennais de la revue ``underground'' Yod-Kerc'h qui fera paraître assez irrégulièrement 34 numéros jusqu'en 1980.

1972

PAS DE PLACE POUR LE BRETON 

Il n'y a pas de place pour les langues et cultures régionales dans une France destinée à marquer l'Europe de son sceau.

Georges Pompidou. Président de la République Française, note    

 

  • Création de l'association Dastum, en vue du collectage du patrimoine oral.

1973

  • Création de la troupe de théatre bretonnante Strollad ar Vro Bagan autour de Gouc'han Kervella, de Plouguerneau.
  • Parution de Kan an Douar, recueil de poèmes d'Anjela Duval, la poétesse trégorroise (1905-1981).

1974

  • Création de Evit ar Brezhoneg, revue bilingue d'apprentissage du breton, par le Lannionais Claude Henry.

1975

  • Création de la norme orthographique dite "etrerannyezhel" (interdialectale), autour de Fañch Morvannou, et utilisée dans la méthode Assimil et par le mouvement Ar Falz. Mais elle ne réussit pas à s'imposer dans l'enseignement.
  • Parution chez Plon à Paris du Cheval d'Orgueil de Per-Jakez Helias, énorme succès de librairie, qui conte les mémoires d'enfance de l'auteur en Pays Bigouden. L'ouvrage sera publié en breton plusieurs années plus tard.
  • Roparz Hemon publie à Dubin A Historical Morphology and Syntax of Breton, première grammaire historique du breton. L'ouvrage sera traduit en breton et publié par Hor Yezh en 2000.

1977

  • Parution du Cheval Couché de Xavier Grall, réplique au Cheval d'Orgueil d'Hélias.
  • Création en mai de la première école Diwan à Lambaol-Gwitalmeze avec 5 enfants autour de leur instituteur, le chanteur Denez Abernot.
  • Création par Andrev Merser du magazine Brud Nevez, qui poursuit l'\oeuvre de Brud.

1978

  • Création de la pièce Dom Mikael an Nobletz, par les comédiens de la troupe Strollad ar Vro Bagan.
  • Ouverture de la quatrième école maternelle de Diwan.
FRATERNITE 

Le français n'est pas seul au monde : est-il fraternel aux autres langues?

{...}

Il est indispensable pour le français de ne s'opposer ni aux langues locales parlées sur tel ou tel point du territoire national, puisque nul ne songe à y remettre en cause son usage commun, ni aux langues autochtones d'Afrique, puisqu'elles n'ont aucune vocation à disparaître au profit de la langue française.

{...}

Aucune région française ne doit se dire brimée aujourd'hui, comme ce fut trop souvent le cas au cours du siècle dernier.

Michel Bruguière rapporteur général du Haut-Comité de la Langue Française   Pitié pour Babel, un Essai sur les Langues, Nathan.

 

  • Le président Giscard d'Estaing, à Ploermel, annonce l'octroi de la ``Charte Culturelle Bretonne''.
RECONNAISSANCE 

La présente Charte constitue de la part de l'Etat {...} un acte de reconnaissance de la personnalité culturelle de la Bretagne et l'engagement d'en garantir le plein épanouissement.

   Charte Culturelle

 

  • L'enseignement du breton est autorisé comme seconde langue vivante au collège. La mesure n'a pratiquement jamais été appliquée.

1979

  • Le Léonard Jili Kilivere est reçu au baccalauréat après avoir passé la totalité des épreuves, hormis le français, en breton. Des mesures seront prises pour que l'exemple ne puisse être imité.
  • Création de la Symphonie Celtique d'Alan Stivell au Festival de Lorient.
  • Ouverture de la première école primaire de Diwan à Treglonou.

1980

  • Des enseignants de diverses matières, enseignants également quelques heures de breton, créent Unvaniezh ar Gelennerien Brezhoneg (UGB), union des enseignants de breton, qui vise à obtenir l'organisation d'un réel enseignement de breton, de la formation d'enseignants.
  • Création du Front Progressiste Culturel Breton (FPCB), qui veut canaliser la revendication culturelle, autour de Al Falz, Skol an Emsav, UDB et le PS, qui fait surtout de la figuration, qui organisera quelques manifestations qui n'aboutiront pas à une reconnaissance officielle de la langue bretonne.
  • Publication de Les Origines de la Bretagne de Léon Fleuriot, professeur à l'Université de Haute-Bretagne sur la période de l'émigration bretonne en Armorique.
  • Le Crédit Mutuel de Bretagne (CMB) crée des chéquiers bilingues.

1981

  • Proposition de loi Le Pensecnote concernant un statut officiel pour le breton et les autres langues dites "régionales". note
LE TEMPS EST VENU 

Au delà des bonnes paroles il faut des actes {...} Le temps est venu d'un statut des langues et cultures de France. Le temps est venu de leur ouvrir grandes les portes de l'école, de créer des sociétés régionales de radio et télévision permettant leur diffusion, de leur accorder toute la place qu'elles méritent dans la vie publique.

François Mitterrand   Discours de campagne présidentielle, Lorient.

 

  • Création de la licence de breton après l'élection de Mitterrand. Aussitôt les militants bretonnants réclament le CAPES de breton, création à laquelle s'opposent les enseignants brestois Le Du et Le Berre.

1982

  • Boycott annoncé du recensement de la population par Skol an Emsav. Michel Phlipponeau, adjoint au maire socialiste de Rennes, menace les boycotteurs de poursuite judiciaires.
  • La circulaire du ministre de l'Education Savary permet, 31 ans après, le début d'application de la loi de 1951 et le commencement de l'organisation de l'enseignement du breton, alors que le déclin de la langue s'accélère dans les campagnes.
  • Possibilité d'enseigner le breton dans le primaire, 3 heures par semainenote, et d'ouvrir des classes bilingues ``expérimentales''.
  • Le Rennais Gilles Bernard est traduit en justice pour avoir voyagé en train sans billet mais avec un chèque en breton composté après le refus de la SNCF de l'accepter.
  • Création de Radio-Bretagne Ouest, qui diffuse 2 heures de breton par jour, tandis qu'en Haute Bretagne Radio Armorique diffuse 2 heures par semaine.
  • Brud Nevez publie Treuzviezadennoù de An Aotrou Kermaria, premier recueil de contrepets en breton dont les \oeuvres des disciples restent à recueillir.

1983

  • Création des premières classes bilingues dans l'Education Nationale à Rennes, Lannion et Saint-Rivoal sous l'impulsion de l'Association des Parents d'Elèves pour l'Enseignement du Breton (APEEB).
  • Création de Skol Uhel ar Vro, l'Institut Culturel de Bretagne, dirigé par Bernard Le Nail.
  • Création des éditions An Here, première maison d'éditions à destination des enfants.
  • Les éditions Preder publient Geriadur ar Bredelfennerezh, du psychanalyste Guy Etienne, dictionnaire de psychanalyse en quatre langues (français, allemand, anglais, breton.

1984

  • Création de Stourm ar Brezhoneg (SAB) qui se fera remarquer par ses campagnes de barbouillage des panneaux routiers. Plusieurs militants comparaîtront pour cela devant les tribunaux où il leur sera interdit de s'exprimer en breton.

1985

PAS D'AVENIR 

Ce n'est pas rendre service à des enfants que de les enseigner dans une langue qui n'a pas d'avenirnote

Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'Education Nationale   

 

  • Création du CAPES de breton, qui permet de recruter des enseignants pour les établissements secondaires.
PATOIS BRETON 

Monsieur Lang ayant créé un Capes de patois breton, pourquoi ne pas créer un Capes de mendicité ? Il y a une culture à préserver, comme on dit de nos jours.

Jean Dutourd    France-Soir Magazine, Novembre 1985.

 

  • Le Premier Ministre socialiste Laurent Fabius, comme tous ses successeurs, refuse de discuter au Parlement le projet de loi, du député socialiste breton Yves Dollo, d'accorder un statut officiel aux langues indigènes, projet définitivement enterré en 1992.

1986

  • Le Geriadur Brezhoneg-saozneg, de Remon ar Porzh, est le premier dictionnaire anglais-breton.

1987

  • Publication de l'Histoire culturelle et littéraire de la Bretagne par Yves Le Gallo et Jean Balcou, de l'Université de Brest, à laquelle collaborent de nombreux autres universitaires bretons.
  • Jean-Yves Urien fait publier son ouvrage de linguistique La trame d'une langue, le breton, aux éditions Mouladurioù Hor Yezh.

1988

  • Création du premier collège de Diwan à Brest.
  • Deux propositions de loi pour l'enseignement des langues ``régionales'' sont déposées à l'Assemblée Nationale, l'une par le communiste Guy Hermier, l'autre par le centriste Jean Brianne.

1989

  • Création du DEUG de breton.
  • Développement de la signalisation bilingue à la suite des campagnes de SAB.
BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN 

Le breton, plus on en parle, moins on le parle.

Didier Eugène, directeur de la page Bretagne   dans Ouest-France, 1er Aout 1989.

 

  • Deuxième boycott annoncé du recensement de la population par Stourm ar Brezhoneg et Skol an Emsav.
  • Promesse à Ar Falz par le Premier Ministre Pierre Beregovoy d'une enquête sur la pratique du breton.
  • Le ``Comité des langues en faveur d'un statut des Langues et Cultures de France'' demande aux conseils municipaux de Bretagne de soutenir ses revendications.

1990

  • La France signe la Convention internationale relative aux droits de l'Enfant. Mais elle émet une réserve à propos de l'article 30, concernant les droits des enfants des minorités ethniques et linguistiques, sous le prétexte que la Constitution française ne reconnaît pas l'existence de minorités sur son sol.
  • Création des premières classes bilingues dans l'enseignement privé à Gwiseni et à Vannes.
  • 494 conseils municipaux ont voté leur soutien aux revendications du ``Comité des langues en faveur d'un statut des Langues et Cultures de France''.

1991

  • Enquête de l'institut de sondage TMO-Ouest à la demande de Fañch Broudig sur la pratique du breton en Basse Bretagne. 55% de la population de la zone concernée comprendrait le breton, 77% serait favorable à son enseignement.
  • Proposition de loi du député de Saint-Brieuc Yves Dollo pour l'enseignement des langues ``régionales''.

1992

  • Publication du Geriadur ar Brezhoneg a-vremañ, dictionnaire bilingue de Francis Favereau.
  • Modification de l'article 2 de la Constitution de la 5ème République. La langue bretonne devient anticonstitutionnelle.
FRANÇAIS LANGUE DE LA REPUBLIQUE 

Le français est la langue de la République.

   Article 2 de la Constitution de la 5ème République Françaisenote

 

1993

PRESERVATION 

La Bretagne doit préserver aussi son identité culturelle, y compris sa langue, dont la disparition serait une perte pour la France.

Bernard Grasset, préfet de la Région Bretagne.   

 

1994

  • Création du Lycée Diwan.

1995

  • Diwan ouvre un deuxième collège.
  • An Here publieAr Geriadur Brezhoneg, le premier dictionnaire entièrement en breton, de 10 000 mots, et prévoit la publication d'une édition de 20 000 mots dans les années à venir.
  • Publication de Alc'hwez Bras ar Baradoz Vihan, de Martial Ménard, dictionnaire érotique du breton.

1996

  • Premiers bacheliers issus du lycée Diwan.

1997

  • Un sondage de TMO Ouest, commandé par FR3 et le Télégramme estime que 240 000 personnes parlent breton en Basse-Bretagne, et que 300 000 le comprennent. Le sondage ne concerne pas la Haute-Bretagne.
  • Premiers bacheliers de l'Education Nationale autorisés à composer en breton à l'épreuve d'histoire.
  • Cinquantenaire de la création de KEAV qui rassemble 200 bretonnants pendant 15 jours.
  • Parution de la Grammaire du breton contemporain de Francis Favereau.

1999

  • L'opposition du préfet du Finistère à l'ouverture du Lycée Diwan à Carhaix provoque la mobilisation de la population. Le lycée ouvre quand même en septembre, dans des conditions précaires.
  • Recensement de la population. Pas de boycott des organisations culturelles, contrairement aux précédents de 1982 et 1989.
  • Pierre Moscovici, ministre des Affaires Européennes du gouvernement socialiste de Lionel Jospin, signe la Charte des Langues Européennes.
  • Le président Chirac saisit le Conseil Constitutionnel qui déclare cette signature non conforme à l'article 2 de la Constitution.
  • Le président Chirac refuse de modifier l'article 2 de la Constitution. La Charte ne peut être ratifiée.
  • Création de Ofis ar Brezhoneg
DEFENSEUR DES LANGUES MENACÉES 

Si les langues régionales étaient menacées, je serai le premier à les défendre.

Georges Sarre, député MDC de Paris.   

 

IDENTITÉ FACTICE 

NON AUX IDENTITES FACTICES !

Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'Intérieur.   

 

PERSONNE N'Y CROIT 

Personne en Bretagne ne croit à la possibilité de sauver le breton

Jean Le Du et Yves Le Berre, enseignants de breton à l'Université de Bretagne Occidentale    Texte de lu par Jean Le Du dans un colloque à la Sorbonne.

 

LANGUE ASSASSINÉE 

Hier ils sont morts pour la France, aujourd'hui on tue leur langue.

   Affiche de l'UDB (Union Démocratique Bretonne)

 

 

Hier ils sont morts, tués par la France, aujourd'hui encore elle veut tuer notre langue.

   Correction anonyme de l'affiche UDB

 

11 Décembre 1999

  • Manifestation à Paris de 150 personnes à l'appel de La Libre Pensée contre la signature par la France de la Charte Européenne pour les Langues Minoritaires.
LEVR GWENN HA DU AR BREZHONEG
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